18

 

Lorsque j’entrai dans la bâtisse par la porte qui donnait sur le jardin, je faillis renverser Tori.

— Tu t’es bien amusée à sortir les poubelles ? demanda-t-elle.

Je regardai derrière moi à travers les rideaux de dentelle et aperçus Simon près de la cabane. J’aurais pu dire qu’il était venu m’aider ou, mieux encore, que Derek était là aussi, si elle regardait bien.

Mais je ne voyais pas vraiment l’intérêt.

Derek me reprochait de lui avoir causé des ennuis. Simon me reprochait d’avoir causé des ennuis à Derek.

Si Tori voulait me reprocher de lui voler son pseudo-copain, soit. Je n’avais pas la force de m’en soucier.

 

Rae resta silencieuse tout l’après-midi. Les commentaires de Tori sur ses parents qui ne venaient pas la voir semblaient lui avoir sapé le moral. Nous eûmes la permission de monter pendant la pause et de déplacer toutes ses photos dans notre chambre avant la reprise des cours.

— Merci de m’aider avec tout ça, dit-elle. Je sais, je ne suis pas obligée de tout vider maintenant, mais si j’en laisse une, Tori serait capable de la jeter en prétendant qu’elle croyait que je n’en voulais plus.

Je regardai la photo qui se trouvait au sommet de la pile, et qui montrait une petite fille blonde d’environ trois ans et un garçon un peu plus vieux qui avait l’air amérindien.

— Ils sont mignons. Ce sont des amis ? Des petits que tu gardes ?

— Non, c’est ma petite sœur et mon petit frère.

Je suis sûre que mon visage devint écarlate. Je m’excusai en bégayant.

Rae éclata de rire.

— Pas besoin de t’excuser. J’ai été adoptée. Ma mère venait de Jamaïque. Enfin c’est ce qu’on m’a dit. Elle n’était qu’une gamine quand elle m’a eue, alors elle a dû me faire adopter. Eux (elle montra du doigt la photo d’un couple de Blancs sur une plage) ce sont mes parents. Et elle (elle désigna une jeune fille d’origine sud-américaine posant avec Donald) c’est ma sœur, Jess. Elle a douze ans. Lui (elle fit un geste en direction de la photo d’un garçon aux cheveux auburn et au visage grave) c’est mon frère, Mike. Il a huit ans. Une famille très multiculturelle, comme tu vois.

— Vous êtes cinq ? Waouh.

— Jess et moi, on a été adoptées. Les autres sont placés avec nous en famille d’accueil. Ma mère adore les enfants. (Elle fit une pause.) Enfin, en théorie en tout cas.

Je la suivis jusqu’à la chambre. Elle me prit la pile de photos des mains et les posa sur sa nouvelle commode. Elle poussa sa Nintendo DS sur le côté.

— Tu vois comment sont certains enfants quand on leur donne un nouveau jouet ? demanda-t-elle en tapotant l’écran rayé. Pendant des semaines ou même des mois, c’est le truc le mieux, le plus cool, le plus intéressant qu’ils aient jamais possédé et ils en parlent sans arrêt. Ils l’emportent partout avec eux. Et puis un jour, ils sont surexcités par un nouveau gadget. L’ancien fonctionne toujours très bien. Mais il n’est plus cool ni nouveau comme avant. Eh bien, ma mère est comme ça. (Elle me tourna le dos et se dirigea vers le lit.) Sauf qu’avec elle, ce ne sont pas des gadgets. Ce sont des enfants.

— Oh.

— Quand ils sont petits, ils sont super. Mais quand ils grandissent… plus tellement. (Elle s’assit sur le lit et secoua la tête.) Bon, je suis sans doute trop dure avec elle. Tu sais ce que c’est. Quand tu es petite, ta mère est géniale et elle n’a jamais tort, et puis tu grandis… (Elle se tut et rougit.) Non, j’imagine que tu ne peux pas savoir ce que c’est, pas vrai ? Désolée.

— Ce n’est pas grave, dis-je en m’asseyant sur mon lit.

— Ton père ne s’est jamais remarié ?

Je fis « non » de la tête.

— Alors qui s’occupe de toi ?

Tout en retournant en cours, je lui parlai de ma tante Lauren, de la succession interminable de gouvernantes, je la fis rigoler en faisant des imitations, et oubliai tout le reste… du moins pendant un court moment.

 

Cet après-midi-là, pendant ma séance avec le docteur Gill, je fis une représentation digne d’un oscar. J’admis que, comme elle l’avait soupçonné, j’avais en effet cru voir des fantômes. Et qu’à présent, après avoir entendu son diagnostic et laissé mon traitement faire effet, je comprenais que j’avais eu des hallucinations. J’étais schizophrène. J’avais besoin d’aide.

Elle tomba complètement dans le panneau.

Je devais seulement jouer le rôle pendant une semaine environ, et puis je serais libre.

 

Une fois les cours finis, je fis mes devoirs avec Rae dans la salle multimédia. Simon s’attarda devant la porte à deux reprises et je me dis qu’il voulait peut-être me parler, mais lorsque je passai ma tête dans le couloir, il était monté à l’étage.

Tout en travaillant, je repensai au brouillard qui avait flotté dans le jardin. Si Derek ne l’avait pas vu lui aussi, j’aurais pu croire que c’était un fantôme.

Pourquoi avait-il dit à Simon d’arrêter ? Était-il la cause de mes hallucinations ? S’agissait-il de sortes d’effets spéciaux ?

Évidemment, cela expliquait tout à fait les fantômes que j’avais vus à l’école : des projections holographiques créées par un mec que je n’avais jamais rencontré. Bien sûr.

Mais il se passait quelque chose.

Ou en tout cas, Derek voulait que je le croie.

En refusant de m’expliquer et en en faisant toute une histoire, Derek m’amenait à agir exactement comme j’étais en train de le faire : me rendre folle à force de me demander ce qu’il me cachait. Il voulait que je vienne à lui et que je le supplie de m’expliquer, pour qu’il puisse me persécuter et me tourmenter encore plus.

Il était impossible que Simon et Derek aient pu créer les fantômes de l’école, mais le brouillard aurait pu être un effet assez simple à obtenir. Peut-être que Derek l’avait produit. C’était pour ça que Simon avait protesté, et que Derek l’avait fait taire.

Simon avait-il peur de son frère ? Il faisait semblant de le défendre et se comportait comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde, mais que pouvait-il faire d’autre ? Il était coincé avec Derek jusqu’à ce que son père revienne.

Où était son père ?

Pourquoi avait-il inscrit Simon et Derek à l’école sous de faux noms ?

Pourquoi Simon se retrouvait-il ici, s’il n’avait pas de dossier ?

Trop de questions. Il fallait que je commence à trouver des réponses.

 

Nous étions en train de débarrasser la table après le repas, quand Mme Talbot entra dans la salle à manger accompagnée d’un homme qu’elle présenta comme le docteur Davidoff, président du conseil d’administration qui dirigeait Lyle House. Presque chauve, avec un énorme nez pointu, il était si grand qu’il semblait se pencher en permanence pour mieux entendre. Entre les quelques cheveux restant sur ses tempes et son gros nez, sa tête rentrée dans ses épaules et ses petits yeux perçants derrière ses lunettes, il ressemblait fâcheusement à un vautour.

— Voilà sans doute la petite Chloé Saunders.

Il fit un large sourire, avec la fausse jovialité des hommes d’âge moyen qui n’ont pas d’enfants et ne songent pas qu’une jeune fille de quinze ans n’aime peut-être pas qu’on l’appelle « la petite Chloé Saunders ».

Il me tapa maladroitement dans le dos.

— J’aime bien ta coiffure, Chloé. Des mèches rouges. Trop cool.

Il dit « cool » comme je disais les mots en espagnol quand je n’étais pas sûre de leur prononciation. Rae leva les yeux au ciel dans son dos, puis vint se mettre devant lui.

— Salut, docteur D.

— Rachelle. Oh, pardon, Rae, c’est ça ? J’espère que tu es toujours aussi sage ?

Rae lui lança un beau sourire, le sourire sur mesure qu’elle réservait aux adultes auxquels elle devait lécher les bottes.

— Toujours, docteur D.

— C’est bien. Alors, Chloé, le docteur Gill me dit que tu as fait de gros progrès aujourd’hui. Elle est très contente de ton évolution ainsi que de la vitesse à laquelle tu t’es adaptée à la routine thérapeutique, et que tu aies accepté son diagnostic.

J’essayai de ne pas montrer ma gêne. Il était plein de bonnes intentions, mais je ne voulais pas qu’on me félicite publiquement d’être une patiente modèle. Surtout quand Derek avait cessé de manger pour regarder.

« Maintenant file, va prendre tes médicaments et sois bien sage. »

Le docteur Davidoff poursuivit :

— D’habitude, je ne rencontre pas nos jeunes pensionnaires avant au moins une semaine, mais puisque tu progresses à toute vitesse, Chloé, je ne veux pas te retenir. Je suis sûr que tu as envie de retrouver tes amis et ton école le plus vite possible.

J’imitai le beau sourire de Rae et ne prêtai pas attention à l’œil scrutateur de Derek.

— Oui, monsieur.

— Suis-moi donc, nous allons discuter dans le bureau du docteur Gill.

Il posa une main sur mon épaule pour me faire avancer.

Tori se plaça devant nous.

— Bonjour, docteur Davidoff. Ce nouveau médicament que vous m’avez prescrit marche vachement bien. Je suis en très bonne voie.

— Tant mieux, Victoria.

Il lui tapota distraitement le bras, puis me fit sortir de la pièce.

 

La séance fut semblable à la première que j’avais eue avec le docteur Gill : faire le point sur mon dossier. Qui était Chloé Saunders ? Que lui était-il arrivé ? Qu’en pensait-elle ?

J’étais sûre qu’il aurait pu apprendre tout cela des notes du docteur Gill, restée plus tard aujourd’hui pour être présente, mais c’était comme dans un film policier où l’inspecteur interroge le suspect et lui pose exactement les mêmes questions que celui d’avant. Ce n’était pas l’information qui importait, mais la manière dont je la donnais. Quelle était ma réaction émotionnelle ? Quels détails avais-je ajoutés cette fois ? Qu’est-ce que j’omettais ?

Malgré toute sa fausse jovialité, le docteur Davidoff était le supérieur du docteur Gill, ce qui signifiait qu’il était là pour contrôler son travail.

Celle-ci, toute raide et tendue, le buste penché en avant, les yeux plissés, s’efforçait de capter chaque mot, chaque geste, comme une élève craignant d’oublier un point essentiel pour l’examen. Le docteur Davidoff prit son temps, se prépara un café et m’apporta un jus de fruit, puis se détendit dans le fauteuil du docteur Gill et discuta avec moi pour me mettre à l’aise avant de commencer.

Lorsqu’il me demanda si j’avais eu des hallucinations depuis que j’étais ici, je lui répondis qu’en effet, j’avais vu une main coupée le deuxième jour au matin et que j’avais entendu une voix plus tard dans la même journée. Je ne parlai pas de la veille mais dis en toute honnêteté que ce jour-ci, tout était allé bien.

Je m’en sortis sans accroc tout au long de la séance. À la fin, il me dit que je me débrouillais « bien, très bien », me tapota dans le dos et me raccompagna jusqu’à la porte.

 

Quand je passai devant la salle multimédia, j’en profitai pour y jeter un coup d’œil : Derek était assis à l’ordinateur, dos à la porte, et jouait à ce qui semblait être un jeu de stratégie militaire. Simon jouait lui aussi, sur sa Nintendo DS, affalé en travers du fauteuil, les jambes sur l’accoudoir.

Il me vit et se redressa, la bouche entrouverte comme pour m’appeler.

— Si tu vas chercher un truc à manger, prends-moi un Coca, fit Derek, sans se détourner de l’écran. Tu sais où ils sont cachés.

Simon resta immobile, le regard allant et venant entre nous deux. Son frère lui fournissait la parfaite excuse pour sortir furtivement et venir me parler, mais il hésitait encore, comme s’il craignait un piège ou un test. Il était impossible que Derek sache que j’étais là, derrière son dos ; pourtant Simon restait affalé.

— Si tu veux un Coca, va le chercher toi-même.

— Je ne t’ai pas demandé d’aller m’en chercher un. J’ai dit : « si » tu y vas.

— Je n’y vais pas.

— Alors tu n’as qu’à le dire. C’est quoi ton problème ce soir ?

Je m’éloignai dans le couloir.

Je trouvai Rae dans la salle à manger, ses devoirs étalés sur la table.

— Tu as une DS, non ? lui demandai-je.

— Ouais. Mais il n’y a que Mario Kart dessus. Tu veux que je te la prête ?

— S’il te plaît.

— Elle est sur ma commode.

 

Je m’arrêtai de nouveau devant la salle multimédia. Les garçons étaient encore là, et n’avaient pas l’air d’avoir bougé depuis mon dernier passage. Simon leva les yeux. Je lui fis signe et agitai la DS de Rae. Il me sourit et redressa discrètement le pouce.

Il fallait à présent que je trouve un endroit qui soit à portée. J’avais une DS à la maison et je savais qu’il était possible de se connecter à une autre console dans un rayon d’une quinzaine de mètres. La salle multimédia se situait entre l’entrée et la salle de cours, deux endroits où il n’était pas possible de traîner. Mais elle se trouvait également juste en dessous de la salle de bains. Je montai donc à l’étage, démarrai PictoChat et priai pour pouvoir me connecter à la console de Simon.

Ce fut le cas.

J’utilisai le stylet pour écrire mon message : « Tu veux qu’on parle ? »

Il écrivit « OK », puis un « D » suivi d’un dessin qui, comme je m’en rendis compte un instant plus tard, représentait un œil. Oui, il voulait parler, mais Derek le surveillait.

Avant que j’aie le temps de répondre, il me renvoya un message. « D 8 ? », et une boîte portant l’inscription « savon », entourée de bulles. Je mis un moment à comprendre que Derek prenait sa douche vers 20 heures.

Il effaça tout et dessina un « 8 » suivi de « jardin ». Rendez-vous à 20 heures dehors.

Je lui renvoyai un « OK ».

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